La finance européenne est confrontée à un paradoxe en matière de développement durable : les normes européennes de reporting de durabilité (ESRS), la directive relative à la publication d’informations en matière de durabilité par les entreprises (CSRD), le règlement européen sur la taxonomie et d’autres initiatives en matière de durabilité permettent aux entreprises de prouver leur engagement en faveur du développement durable, mais la complexité du reporting peut submerger même les équipes en charge de la conformité les plus aguerries.
Dans l’ensemble des États membres de l’Union européenne, banques et entreprises doivent composer avec un enchevêtrement de réglementations environnementales et financières, souvent redondantes ou contradictoires. Cette prolifération de normes entraîne des doublons dans les données, des incohérences dans les rapports, et une envolée des coûts liés à la mise en conformité.
Cet article propose une autre voie : celle d’un écosystème de conformité unifié, reposant sur l’intelligence artificielle, capable de transformer la fragmentation actuelle des cadres réglementaires en un outil centralisé, au service de l’efficacité et de l’harmonisation du reporting.
La complexité croissante du reporting de durabilité et des obligations de conformité
Les institutions financières européennes évoluent dans un paysage réglementaire d’une complexité extrême. Chaque nouveau texte – qu’il concerne le développement durable (comme la CSRD ou le règlement sur la taxonomie européenne), la lutte contre le blanchiment d’argent (LCB-FT), la protection des investisseurs (MiFID) ou d’autres domaines – s’accompagne de ses propres exigences en matière de reporting et de collecte de données.
Ces cadres sollicitent souvent des informations similaires, voire identiques, mais dans des formats et à des fréquences différents. Résultat : une collecte redondante, des rapports contradictoires, des équipes en charge de la conformité mises à rude épreuve, et des parties prenantes désorientées.
Cette complexité a un coût bien réel. Dans le secteur financier luxembourgeois, par exemple, les dépenses liées à la mise en conformité ont atteint environ 548 millions d’euros en 2019, dont près de 38 % des investissements totaux des banques consacrés à répondre aux exigences réglementaires. Ce chiffre grimpe à 52 % pour les plus petits établissements. (Source : Survey of EY – ABBL 2020)
Et cette charge ne se limite pas à une dépense ponctuelle : entre 2015 et 2020, les investissements annuels en conformité ont augmenté d’environ 16 % par institution. Des chiffres révélateurs d’une tendance préoccupante : les exigences réglementaires absorbent une part croissante des budgets, à un rythme souvent supérieur à celui des revenus.
Le Luxembourg n’est qu’un exemple parmi d’autres : à l’échelle européenne, le constat est similaire. Une récente enquête menée dans les pays d’Europe centrale et orientale (PECO) révèle que plus de la moitié des établissements financiers ont vu leurs coûts de conformité LCB-FT augmenter de plus de 10 % en seulement deux ans.
Inefficacités et augmentation des coûts : l’exemple du reporting CSRD et Taxonomie européenne
Pourquoi les coûts explosent-ils ? L’une des raisons tient à l’inefficacité des systèmes de conformité cloisonnés. Chaque réglementation est souvent gérée par une équipe ou un projet distinct, chacun produisant ses propres rapports de manière indépendante.
Les données montrent que cette approche fragmentée engendre des normes incohérentes et des redondances de travail. Les régulateurs européens commencent d’ailleurs à reconnaître le problème : au premier semestre 2025, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a présenté un « paquet Omnibus » proposant des amendements à la directive CSRD, au règlement sur la taxonomie européenne, ainsi qu’à la directive sur le devoir de vigilance des entreprises en matière de durabilité (CSDDD). Objectif : réduire la charge administrative sans remettre en cause les engagements écologiques du Pacte vert pour l’Europe — un aveu implicite que le paysage réglementaire actuel est devenu trop complexe, même aux yeux des institutions.
Ces dysfonctionnements ont déjà engendré des conséquences concrètes. La mise en conformité avec la CSRD et la taxonomie européenne s’avère particulièrement exigeante en ressources : selon une étude soutenue par le gouvernement en 2024, certaines entreprises ont dû mobiliser jusqu’à 50 collaborateurs pour collecter les données liées au développement durable, et 15 entreprises ont déclaré avoir dépensé entre 50 000 et 100 000 livres sterling en consultants, rien que pour la première année de reporting lié à la taxonomie européenne.
De grandes entreprises, en phase de préparation à la CSRD, anticipent quant à elles des dépenses allant de 200 000 à 600 000 livres pour la mise en œuvre. Des montants considérables, d’autant plus que nombre de ces efforts doublonnent ceux déjà réalisés dans le cadre d’autres référentiels — notamment pour la collecte des données climatiques exigées à la fois par la CSRD et la taxonomie de l’UE.
Une avancée majeure dans la lutte contre ces inefficacités réside dans le recours à l’IA pour accompagner le reporting exigé par la CSRD et la taxonomie européenne (voir TAXO TOOL pour plus d’informations). En intégrant des fonctions automatisées — telles que le calcul des critères de sélection technique, l’extraction de données à partir de documents pour répondre aux questionnaires, ou encore l’intégration de données relatives aux risques climatiques et géologiques —, cette solution permet de rationaliser considérablement le processus de reporting et d’en améliorer l’efficacité.
Vers un reporting et une gestion des données plus efficients
Les obligations de reporting excessives et redondantes pèsent lourdement sur le secteur financier européen. Faute de bases de données centralisées et fiables, les banques sont contraintes de recourir à des processus lourds de collecte de données auprès de tiers, entraînant des sollicitations répétées des clients et des procédures de vérification fastidieuses. Ces redondances génèrent une surcharge administrative, affaiblissent progressivement la réactivité des clients et nuisent à la fiabilité des données. Les institutions financières se retrouvent ainsi à produire des ensembles de données quasi identiques, mobilisant inutilement leurs ressources.
Il est temps de poser une question essentielle : l’IA peut-elle devenir un levier stratégique pour repenser l’architecture morcelée de notre mise en conformité réglementaire ?
Repenser la gestion de la conformité

Explorer le potentiel actuel de l’IA pour une gestion de la conformité intégrée et centrée sur les données
En tant qu’entreprise spécialisée en intelligence artificielle en constante évolution, Dydon AI explore les capacités actuelles de l’IA pour développer une approche de conformité transversale, couvrant plusieurs cadres réglementaires. Grâce à l’adoption de technologies avancées d’intelligence artificielle, les banques et institutions financières peuvent passer de systèmes cloisonnés à une gestion réglementaire intégrée, structurée autour des données.
Collecte unique des données : éliminer les redondances
Grâce à des plateformes intelligentes reposant sur l’IA, les données relatives à la conformité — qu’il s’agisse de rapports annuels, de reporting extra-financier ou de documents financiers — peuvent être collectées une seule fois à la source. À l’aide de technologies avancées de traitement documentaire, les institutions peuvent alimenter un référentiel centralisé et continuellement mis à jour. Ce « point de vérité unique » permet d’éviter les sollicitations répétées auprès des clients et garantit la cohérence de l’ensemble des obligations de reporting.
Cartographie des écarts réglementaires : évaluer l’alignement interne avec les cadres en vigueur
Grâce au traitement automatique du langage naturel (NLP) et à des graphes de connaissances sémantiques, les plateformes d’IA sont capables d’identifier et de comparer automatiquement les différents cadres réglementaires avec les politiques internes existantes.
Reporting automatisé multi-cadres : efficacité et précision
Ce référentiel de données unifié permettrait aux organisations de renseigner automatiquement les questionnaires correspondant aux différentes obligations de reporting (CSRD, taxonomie européenne, Pilier 3, MiFID II, etc.), tout en identifiant les données manquantes ou les écarts entre les politiques internes et les exigences réglementaires. Les capacités actuelles de l’IA permettent de réduire considérablement les efforts manuels et les risques d’erreur, tout en s’adaptant bien plus rapidement aux évolutions réglementaires. À la clé : des coûts de mise en conformité en baisse et une charge opérationnelle allégée.
Construire ensemble un nouvel avenir en matière d’ESG et de durabilité
Concrétiser cette vision implique un changement collectif de posture et de pratiques au sein du secteur financier européen. Les autorités de régulation ont un rôle clé à jouer pour encourager le développement de solutions de conformité intégrées, et soutenir l’innovation lorsqu’elle conduit à des résultats concrets et mesurables en matière de conformité. Un système unifié d’intelligence réglementaire, enrichi en continu par l’expérience collective du secteur, permettrait d’améliorer à la fois la précision et l’efficacité du reporting.
Imaginez un futur où l’intégration d’une nouvelle exigence réglementaire serait aussi simple qu’une mise à jour logicielle.
Un tel écosystème adaptatif pourrait transformer la conformité : d’un centre de coûts, elle deviendrait un véritable levier stratégique, au service de la transparence, du développement durable et de l’intégrité des marchés.
Vous travaillez au sein d’une équipe chargée du développement durable ou de la conformité ?
Votre rôle : Prenez part à la conversation
Chez Dydon AI, nous nous engageons à concrétiser cette vision. Mais pour y parvenir, nous avons besoin de vos retours d’expérience, de vos défis, de vos idées. Nous invitons les responsables conformité, les gestionnaires des risques, les experts en finance durable, les dirigeants financiers et les professionnels de la régulation à participer à ce dialogue essentiel.
Quelles sont les difficultés auxquelles vos équipes sont confrontées en matière de conformité ? Quels chevauchements réglementaires génèrent le plus de frustration ?
Le paysage réglementaire n’a pas vocation à rester aussi contraignant. Ensemble, grâce à l’innovation et aux technologies intelligentes, nous pouvons transformer cette complexité en efficacité, réduire les émissions carbone, atteindre vos objectifs de durabilité, et contribuer à une croissance économique plus soutenable.
Que vous soyez en train de gérer les exigences du reporting en matière de durabilité, d’analyser votre Green Asset Ratio, ou de faire face aux doublons en matière d’obligations réglementaires, vos défis nourrissent notre capacité d’innovation. Écrivez-nous, partagez votre expérience — et relevons ces défis ensemble !